samedi 25 mai 2013

Ligue des Champions - Dortmund le club sympa vs Bayern qu'on adore détester : à vos paris


LE PLUS. Ce samedi soir, vous n'y échapperez pas, c'est la finale de la Ligue des Champions. Une finale 100 % germanique qui oppose le Bayern Munich au Borussia Dortmund, au stade de Wembley, à Londres. Une finale qui oppose surtout deux états d'esprit, deux Allemagne. Explications avec notre contributeur, étudiant à Berlin.



LIGUE DES CHAMPIONS. Décidément, l'année 2013 est très faste pour nos voisins d'Outre-Rhin ! Non contents de leurs performances économiques, voilà maintenant que la finale de la Ligue des Champions est un choc entre le Bayern de Munich et Dortmund !

Vu de Berlin, l'opposition entre ces deux clubs est bien plus qu'un simple match. En effet, elle reflète l'affrontement entre deux Allemagne, la sinistrée mais joyeuse Ruhr contre la si conservatrice et riche Bavière.

Ensuite, ce match est également la confrontation de deux visions du sport véhiculées par les deux entraîneurs, le charismatique Klopp contre le froid Heynckes !

1. Dortmund, un club attachant et historique

Lorsqu'on demande aux Allemands (en dehors de Bavière naturellement) quel est leur club préféré, la réponse fuse : Dortmund arrive largement en tête des suffrages !

Le BVB occupe une place particulière dans le cœur des supporters. En effet, ce club est, avec Schalke 04, niché au cœur de la Ruhr, l'ancien poumon industriel du pays. Dans cette région où la plupart des grandes villes, à l'instar de Bochum, sont meurtries par la disparition des grandes industries, le football apparait comme une grande fête populaire !

Tous les week-ends, le Signal-Induna-Park affiche complet avec ses près de 80.000 places.

Le BVB est un objet de la culture et du patrimoine ouvrier allemand où les valeurs telles que la solidarité, l'entraide et l'amitié sont exacerbées. D'ailleurs, Dortmund est son club sont le porte-drapeau du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie.

Une telle identité est unique en Europe continentale, à l'exception de Liverpool peut-être. Ce n'est pas un hasard si le "Mur jaune" entonne avant chaque match le mythique "You'll never walk alone" cher au club anglais !

2. Le Bayern, l'équipe arrogante qu'on déteste

Au fond, si Dortmund représente l'équipe que tout le monde aime, le Bayern pourrait bien être l'équipe que l'on déteste.

Premier indice suspect pour beaucoup d'Allemands : l'équipe est une des vitrines de la Bavière, région riche qui tient à son identité régionale et dont la langue est difficilement compréhensible pour qui ne vient pas du coin !

Seconde circonstance aggravante : l'équipe dégage une image arrogante, les médias allemands parlent souvent du "FC Hollywood" pour la décrire.

Même s'il faut laisser le mérite à l'entraîneur actuel, Jupp Heynckes, d'avoir su calmer les egos, il n'en a pas toujours été ainsi, notamment avec ses deux prédécesseurs, le bourru Louis Van Gaal s'étant aliéné l'ensemble du vestiaire et Jürgen Klinsmann ayant suscité les moqueries avec ses méthodes d'entraînement importées du football américain !

Surtout, ce club est riche, très riche, à l'image de sa région et cumule depuis 50 ans de Bundesliga la moitié des titres de champion. Face à cette hégémonie, on a souvent tendance à soutenir l'"outsider", celui qui peut créer la surprise. Récapitulons : particularisme régional, arrogance, succès insolent, richesse, le Bayern est adulé dans son fief bavarois mais souvent haï en dehors !

Ainsi, Dortmund est autant atypique, solidaire et ouvrier que le Bayern est institutionnel, riche et fier de l'être. L'un est le club préféré des sociaux-démocrates, l'autre des conservateurs. Ces identités historiques se reflètent en fait sur le système de jeu des deux formations.

3. Dortmund le club qui forme ses joueurs vs Bayern qui achète

Pour Dortmund, pas question de faire son marché à l'étranger. L'ossature est stable, autour de jeunes joueurs comme Lewandovski le Polonais, Grosskreutz l'Allemand et Marco Reus, l'enfant du pays et pilier de la Nationalmannschaft.

La force du BVB, c'est son jeu collectif et son immense détermination, comme on l'a vu contre Malaga en quart de finale. Gare à celui qui trahit cet esprit de groupe : à la minute même où on annonça le transfert de Mario Göetze vers le rival bavarois, son compte Facebook se vida de ses fans et certains supporters ont redonné leur maillot floqué au nom du "traître".

En Bavière, on est riche et on en profite : peu importent les discours sur la formation de jeunes joueurs. Mis à part Lahm et Schweinsteiger, le reste de l'équipe est constitué de joueurs payés fort cher. Ribéry de Marseille, Robben de Madrid, Gomez du rival Stuttgart, sont venus renforcer l'équipe.

Alors vu sous cet angle, l'adversaire Dortmund ne pèse pas bien lourd.

De plus, le club bavarois s'est spécialisé dans une entreprise de déstabilisation de tous leurs adversaires. Dernier exemple en date : à la veille de la demi-finale entre Dortmund et le Real Madrid, on apprend le transfert du maître à jouer du BVB, Mario Goëtze...

Mais attention, une telle constellation de stars peut parfois poser problème et le public bavarois se fait vite des têtes de turc, tel Arien Robben l'an dernier, critiqué pour son jeu trop individualiste !

Ainsi Dortmund pourra compter sur sa force collective tandis que le rival bavarois, sûr de sa force et de ses deniers, aura le meilleur effectif sur le papier. Mais cette opposition de valeurs et de style pourrait se résumer au match des entraîneurs, Klopp contre Heynckes !

4. Klopp l'entraîneur bouillonnant vs Heynckes le discipliné




Dans un monde des grands entraîneurs souvent aseptisé, il détonne ! Cheveux blonds longs, grosses lunettes carrées, barbe touffue, jeans et baskets aux pieds, personne ne peut l'ignorer !

L'homme originaire de la Forêt-Noire est un véritable acteur en puissance qui vit passionnément les matchs, ses rictus accompagnant les buts de son équipe étant devenus légendaires !

Les conférences d'avant-match sont un régal pour cet homme de médias qui offre des réponses claires et fleuries. Lorsqu'un journaliste lui demande s'il ne serait pas plus sage de jouer défensif, il répond tout de go : "celui qui jouera derrière est un trou du c..".

Klopp est un homme charismatique qui sait motiver ses hommes. Il incarne l'attachement de ce club au collectif. Les entreprises allemandes ne s'y trompent pas puisque "Kloppo" envahit les écrans publicitaires.

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